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Rêve

Ma Charlotte, je me réveille ce matin d'une nuit où j'étais près de toi dans la froidure de la terre. Je ne comprends pas où tu es, mais je t'imagine voguant sur des flots mystérieux qui t'émerveillent. Car ta capacité d'émerveillement qui enchantait le monde et les êtres est ce qui me reste de plus précieux de toi dans mon désarroi. Beaucoup prenaient cela pour de la naïveté et se moquaient gentiment. Pour moi, c'était le témoin de ta grande ouverture à tout, sans jugement a priori. C'était aussi ta fragilité...

Tu navigues ... Comme tu aimes la mer! Et comme tu me fais peur quand tu pars nager, toujours très loin du rivage. Petite, si je nageais avec toi, j'avais peur du gouffre que j'imaginais sous moi; si je restais sur le rivage, j'avais peur que tu ne puisses pas revenir car tu me confiais qu'avec la distance, ta vue ne te permettait plus de savoir où était le large et où était la plage! Je guettais ta tête au loin, petit point noir dans les vagues, en priant pour que tu nages dans le bon sens pour revenir. Et cela durait une éternité.

A présent, l'Éternité est là… Pour toi et pour tous ceux qui t'aiment.

La mer encore, ici sur "ton site", telle que tu nous y accueilles.

Nous naviguions sur une jonque en baie d'Ha-Long et je te prends en photo. La lumière est belle et douce au soleil presque couchant. Un peu plus tard, la nuit tombera et tu pêcheras (tu a toujours aimé pêcher "à la traîne" lors de nos croisières à la voile), puis tu nageras dans l'eau chaude de la baie, en riant de plaisir.

Des jours de bonheur que ce retour au pays de ton enfance!

La veille, c'était Nha-Trang où nous sommes arrivées un soir d'orage. Tu as voulu d'emblée aller te baigner là où tu le faisais, à 6 ans, dans le camp de concentration japonais qui bordait la mer. Etrange impression, soudain: éclairs, tonnerre, … je crois revivre l'époque de ma naissance telle que je l'imagine. Ces jours de guerre où j'ai eu l'immense bonheur que tu deviennes ma marraine, pour toujours...

Nous sommes à Nha-Trang, tu nages et les vagues sont fortes, la plage est déserte et moi sur le rivage qui ne te vois plus tant la nuit est noire… Tu reviens enfin, tellement enthousiaste, gaie, vivante!

C'était il y a 5 ans.

Oui, l'Éternité...

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