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Pourquoi parler au passé ?

Ma petite Charlotte bien aimée.

C'est par toi, de ta seule initiative, que nous nous sommes rencontrés Joëlle et moi. Joëlle, ta filleule qui aura tant vénéré sa marraine, première référence de l'esprit et du cœur. Avec toute notre reconnaissance, nous te devons les cinquante ans de notre union dans l'amour au long cours par notre œuvre de vie.

Ces cinquante ans, nous les avons vécus avec toi, notre plus proche compagne de vie, de joies en peines et de petits plaisirs en grandes aventures. Témoin de notre mariage à New York, nous avons vécu avec toi tant d'évènements qui ont jalonné notre trajectoire. Pour moi, tu es mon unique amie de cœur et d'esprit dans une relation très personnelle où tu m'as suivi partout. Tu m'as toujours aidé par ton précieux sens artistique et ton inépuisable créativité. Pour les fêtes dans la villa de Deauville, les manifestations du Press Club, le célèbre salon du 119 Université entièrement construit par toi pour tant de réceptions après l'émission. Tu as été constamment présente avec Blandine. Et je t'appelais chaque matin au téléphone après Amour Gloire et Beauté en me donnant pour plaisir et défi de te faire rire. Et Dieu que tu étais vite drôle, rieuse, joyeuse et gaie par delà les tourments.

Avec toi, c'est si rare, tout était vivant. Tu avais la passion de la vie et tu possédais ce rare talent de rendre la vie vivante et de redonner à chaque moment le goût de la vie. Partout, dans ton atelier, dans les tournages, dans les Salons, tu réussissais à être un centre de vie. Le centre d'attraction, distraction, consultation, conseils et secours jusqu'aux tarots et lignes de la main. Tu m'avais appris à tirer les cartes. Alors là, j'ai vu combien tu savais ouvrir les portes et les cœurs. Ce que tu nous as enseigné à tous c'est le sens du contact et de l'intérêt pour l'autre. Dès qu'on te présentait aux gens, tu avais l'art de donner de l'intérêt à l'autre, du coup il se sentait par toi de l'intérêt pour lui, pour toi et pour nous qui t'avions fait connaître. La fierté bien récompensée de te connaître et de te présenter partout pour se faire des amis, c'était ton image de marque. Je ne te l'ai pas assez dit. Toi, si modeste et inquiète, tu es une diva, une princesse, une star, la fantaisie en liberté, un conte de fées ambulant, un spectacle permanent même dans tes plaintes, piques et pointes "à la française". La preuve de cet art de donner de la vie en te donnant pour tout animer, c'est ton refuge en toi-même dès que tu ne te sentais plus la force ou le désir de monter en scène. Tu as fait de ta vie un roman et tu avais d'ailleurs écrit ton et tes romans que tu ne retrouvais plus. En ta compagnie, on entrait dans ton roman dont chacun pouvais se faire son roman.

Je t'ai vue dans ta solitude, le manque d'amour et les vrais malheurs depuis l'enfance. Je me rappelle même le succès que tu avais eu à la télévision en déclarant que tu te sentais tellement seule et sans amour que tu t'envoyais à toi-même des lettres pour t'apporter un peu de réconfort. Mais je n'ai jamais rencontré une personnalité aussi poétique, romantique et même féérique avec une telle puissance d'intelligence, de culture –Sommières et tous ces livres et magazines que tu as lus à longueur de vie-. Cette puissance d'ouverture et de compétences par le rayonnement de dons et talents multiformes rehaussés par ton souci de précision et perfection.

Jusqu'au bout dans ton combat face à la mort, tu as gardé au fond de ton silence immobile ta passion de la vie par ta puissance de volonté, de conscience, d'attention et d'amour. Je te le disais et par regard et signes tu le reconnaissais. Tu as manqué d'amour mais tu as tant donné d'amour que tu reçois plein d'amour. Tu avais tant d'amour pour ta famille, tes enfants et petits enfants, pour "les Adrien et tes frères qui te faisaient tellement rire", pour tes proches et tes amis. Ils te rendent tout cet amour par leurs témoignages.

Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi je te parle au passé. Aimer, c'est être présent à l'autre par la parole intérieure qui monte du fond du cœur. Tu m'es pour toujours présente et je te parle au fond de mon cœur. Je vais même apprendre à te jouer au piano le générique d'Amour, Gloire et Beauté pour que tu sois bien sûre d'être "dans la vraie Vie" que tu trouvais enfin par AGB.

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