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Monsieur Plume

Le départ de Charlotte m’a fait faire un grand vol plané dans le passé. Et je suis allé fouiller au plus profond de mes malles de photos stockées dans un lointain garage.

Et les souvenirs sont venus, sont remontés comme dans de grosses bulles de rires, de joies simples, parfois de pleurs. Et par-dessus tout un grand sentiment d’insouciance.

Il se trouve que, dans les années 70, je faisais beaucoup de photos en noir et blanc, photos que je développais moi-même, notamment dans la cave de la rue Guichard. J’ai donc retrouvé beaucoup de photos ce cette époque avec Charlotte, Chaton ,Olivier, Martine… entre autres.

Charlotte à la Mer

Nos partagions une passion : la mer ou plutôt être en mer sur un bateau et si possible un voilier.

Elle aimait barrer, manœuvrer, faire la cuisine et surtout bien ranger et bien nettoyer le bateau aux escales. Nous nous moquions parfois de sa maniaquerie de la propreté : « Arrête de faire ta Babey… »

Souvenirs frais et vifs d’une croisière aux Îles Hébrides avec Patrice sur un bateau loué qui prenait l’eau… Mouillages forains dans les superbes criques des îles où nous dérangions les phoques se prélassant au soleil. Soirée dans les pubs. Et son retour précipité en France à deux doigts d’une péritonite.

Souvenir ensoleillé et « mistraleux » d’un Corse-Sicile avec un bon coup de vent dans le bon sens. Records de vitesse assurés. Et puis escale dans la petite île d’Ustica où nous aimions relâcher quelques heures avant de rejoindre Palerme et son atmosphère grouillante.

Charlotte à la Montagne / Charlotte médium

Une semaine de ski en station.

Charlotte avait des dons de médiums et nous avons fait tous les deux plusieurs expériences de télépathie, moi « émetteur » dans le télécabine, elle dans la gare supérieure. Résultats bluffant exacts à plus de 80%. Nous n’en revenions pas tous les deux et cela me faisait un peu peur. Une grande leçon « d’irrationalité » qui a fait le plus grand bien au jeune ingénieur un peu borné que j’étais (je me suis beaucoup soigné par la suite…).

Après ce séjour, départ pour Marseille pour le mariage de PhiPhi avec une mémorable séance de maquillage au bord de l’autoroute.

Un grand moment ce mariage avec tout le clan Adrien et Charlotte dans le « beau monde » marseillais !

Charlotte dans sa Cave-Atelier

L’appartement de la Rue Guichard : j’y déjeunais bien souvent en semaine, mon bureau étant à deux pas, dans la petite cuisine, en toute simplicité, avec parfois un enfant, avec souvent Patrice, mon grand ami de randos de ski de printemps, parti lui aussi et bien trop tôt.

Sous l’appartement et sous la boutique de Raymond (l’amiroitier), la « cave-atelier », son premier atelier d’encadrement qui fleurait bon la colle et la cire. Les encadrements dans tous les formats, les marie-louises, la machine à couper les baguettes, les plaques de verre, le diamant, le claquement du marteau sur les pointes…

Charlotte vive et professionnelle, excellait dans ce métier d’artisan (en partie occulte alors…) et son aisance dans les gestes me fascinaient. Et elle accueillait avec aisance les clients qui ne savaient pas trop (ou bien qui savaient trop) quel type d’encadrement ils souhaitaient.

Evidemment cet atelier s’est aussi transformé en studio photos. Séance mémorable avec Chaton de déguisement et de mimiques. Je mitraillais et développais tout de suite pour le plus grand bonheur de mes modèles !

Il me semble que toutes ces séances de déguisement laissaient bien augurer de sa future activité de costumière !

Adieu Charlotte

Voilà pour ces quelques instants de vie intenses que j’ai partagés avec Charlotte. Années 70 et 80. Puis j’ai quitté Paris, puis elle a quitté Paris, nous nous sommes éloignés chacun sur notre route, mais jamais je n’oublierai tout ce que j’ai pu apprendre avec Charlotte, avec le « Monde de Charlotte », tous ces gens souvent passionnants que j’ai rencontrés grâce à elle.

Elle a été (comme certains autres bien sûr) un élément important dans mon évolution. Et ça je voulais le dire à ses enfants qui m’ont bien connu, ainsi qu’à tous ses proches et amis.

Alain de MONCAN, dit Monsieur Plume

Charlotte m’appelait « Monsieur Plume », certainement parce que j’avais adopté une expression de Raymond (notre « amiroitier » du magasin de la rue Guichard) qui se débarrassait des inopportuns par un retentissant :

« Et va donc chez Plumeau ! »)

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